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ABRI 39 - CHAPITRE II: OKTOPUSSYA

La ville d’Oktopussya était une des villes les plus stables du monde post-apocalyptique (un statisticien aurait estimé l’espérance de vie à 32 ans, un record), sans doûte grâce à la présence d’une milice d’une centaine de mercenaires qui agissait sous les ordres du maître de la ville, qui fut rapidement surnommé la pieuvre. L’homme lui-même était méconnu de la population, il ne sortait jamais de son immeuble privé. S’il arrivait que l’on voie des personnes étrangères à son corps de milice y pénétrer, il était encore bien plus rare de les voir sortir. La pieuvre délivrait des permis de salle de jeux, de bordel, de vente allant de la simple brochette de lézard en passant par les armements légers pour arriver aux drogues les plus dures et au terrible marché d’esclaves. Chaque commerçant, chaque foyer, chaque personne devait verser une dîme à ses miliciens. On voyait ces hommes revêtus d’armure de combat d’un vert métallique à chaque coin de rue, ils se nommaient eux-mêmes les tentacules. (Ce qui leur valut quelques jeux de mot doûteux qui entraînèrent souvent la mort de leurs auteurs. La centaine de garde suffisait à maintenir un certain ordre sur les cinq mille âmes, on comptait rarement plus de vingt morts non-naturelles par semaine, ce qui était une marque inéluctable de sécurité.

Cela faisait deux semaines que Wilhelm et Laura avaient mis pied à terre dans l’hôtel de quartiers des commerçants, La Konsse-Herve, tenu pas un nabot qui ne devait pas dépasser le mètre vingt et qui boitillait d’une telle façon qu’il paraissait gagner puis perdre 20 cm à chaque pas. Ils mangeaient mal, buvaient du Nuke-Cola à longueur de journée (ils avaient pris la décision de ne pas toucher d’alcool, afin de ne pas lâcher quelques mots de trop car l’histoire des deux frères vagabonds passaient toujours) et gaspillaient leurs dernières capsules en bains mousseux qu’ils prenaient dans une baignoire commune.

Ils venaient de quitter leur nid savonneux pour s’installer au bar-restaurant-bordel au rez-de-chaussée de la Konsse-Herve, lorsqu’un homme vêtu d’un manteau noir et d’un casque métallique, ils reconnurent un employé de la ferme Layson au L orange qu’il portait sur sa poitrine, entra dans l’établissement encore vide en ce milieu d’après-midi. Il portait une petite barbiche noire qui lui donnait un air sympathique ainsi qu’une petite cicatrice sous l’œil qui affirmait sa virilité.

« Naboot ! Hurla l’homme en tapant du poing sur le comptoir jusqu’à l’arrivée de l’intéressé Monsieur Layson souhaite que tu passe une information à tes clients, on recherche de nouveaux gardes pour la ferme. Il te paiera quelques capsules s’ils s’annoncent comme étant venus de ta part. »

Wilhelm regarda Laura, celle-ci se leva et interpella l’homme avant que le gnome ne pipe mots.

« - Mon frère est moi on est intéressé, c’est bien payé ?
- Ouais ptit gars c’est bien payé et c’est pas trop risqué, faut s’assurer que le bétail foutte pas le camp et qu’ personne vienne nous chouraver la propriété du vieux Layson.
- Elle est où cette ferme ?
- A deux heures de marche d’ici Wilhelm se leva et entra dans la conversation
- Et on part quand ? Le garde afficha un large sourire en pensant à la prime qu’il allait recevoir pour ces deux nouvelles recrues
- Dans l’immédiat, prenez votre barda et suivez-moi.
- Et mes capsules Harry ? C’est chez moi que tu les as trouvés bordel de merde ! le nabot commença à s’agiter sur son tabouret aussi haut que lui
- J’crois qu’ils m’ont trouvé tout seul d’mi homme. »

Le trio sortit sous les injures du nabot qui n’en revenait toujours pas d’avoir perdu quelques capsules. Ils furent dépassé par un camion qui transportait une dizaine de tentacules certainement en route pour une patrouille aux alentours d’Oktopussya, la possession de trois de ces véhicules donnait non seulement un avantage tactique à la pieuvre mais inspirait également le respect, il était très rare de voir passer autre chose que des voyageurs à pieds ou tirés par des brahmines parmi les habitants du désert.

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