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ABRI 39 - CHAPITRE IV: NOUVELLE DONNE

La soirée avait pourtant bien commencé, Wilhelm avait triplé sa prime dans un jeu de cartes totalement incompréhensible pour lui, mais sa chance jouait pour lui en ce début de soirée. Leurs compagnons d’armes racontaient leurs faits d’armes antérieurs à leur rencontre. Les mêmes histoires ressortaient plusieurs fois, la plupart des narrateurs étant saouls. Phil, un de leur camarade qui leur avait expliqué à trois reprises comment il avait violé une femme goule (des humains déformés par la puissance de l’atome mais qui, selon lui, devenaient de sacré coups et que maintenant il n’avait plus besoin de lumière pour pisser correctement la nuit), avait eut la mauvaise idée de vouloir en découdre avec une bande d’esclavagiste, pas’keu bordel c’était leur faute si des putains d’esclaves foutaient la merde à la ferme.
Une bagarre générale éclata dans le Gagne-Pain, les Tentacules laissèrent faire dans un premier temps, profitant du spectacle jusqu’au moment où un esclavagiste déchira le manteau de Wilhelm, exposant un 39 jaunâtre sur fond bleu, soulevant tant l’étonnement parmi les miliciens que parmi leurs propres camarades de travail. L’esclavagiste s’écroula, un trou béant dans le ventre, un tentacule venait de vider son fusil à pompe au milieu du Gagne-Pain.

« Pas touche c’lui là »
Pour la première depuis leur rencontre avec Joe, ils ne maîtrisaient plus la situation. Découverts pour découverts, Laura laissa tomber elle aussi son manteau noir. Les derniers survivants de l’abri 39 étaient en route pour l’antre de la pieuvre.
Ils comprirent pourquoi la pieuvre ne se montrer jamais à la populace, c’était un énorme noir avec une tignasse rousse qui devait faire au minimum 150 Kg (ce qui devait entraîner nombre de problèmes techniques. Il les reçut au 3ème étage d’un immeuble en état plus que correct pour avoir vécu une guerre nucléaire. L’homme était vraiment laid, ses doigts boudinés étaient recouverts de bijoux aussi brillants les uns que les autres, ses cheveux d’un rouge vif coulaient jusqu’à ses épaules, aussi gras que le rôti de brahmine dont il se goinfrait au milieu de la nuit, il faisait un horrible bruit de succion lorsqu’il se léchait les doigts après chaque bouchée. Un drapeau américain trônait sur le mur derrière la pieuvre. A côté de son bureau, une fillette d’au maximum 13 ans était enchaînée à un crochet mural, elle était complètement nue, du sang séché sur le sol dessiné un disque dont elle était le centre, son état ne laissait aucun soupçon sur le rôle qu’elle devait jouer dans la vie intime de la pieuvre. Plusieurs hommes en armes étaient présents dans la pièce.

« - Luuuurp, alors comme ça, reniflements, le vieux Layson me cachait des habitants de l’abri, luuuurp c’est quoi vos ptits noms mes mignons ? Reniflements Non en fait-je-m’en moque, vous savez que je peux vous faire pendre par les entrailles dans le quart d’heure si je le souhaite ? Il afficha le sourire d’un sale gosse gâté par ses parents. L’est où votre abri ? Oui oui c’est plus intéressant ça, où est-il ? reniflements
- C’est que notre abri… il est vide, ils sont tous morts d’une épidémie de diarrhées.
- Parfait vraiment parfait grognement de satisfaction C’est pas d’esclaves que j’ai besoin mais de technologie de l’abri, Luurrrp (Wilhelm commençait sérieusement à trouver ce porc insupportable, il aurait certainement tiré sur son rôti dans le seul but de faire cesser ces bruits de succions si on ne lui avait pas retiré ses armes) Et sans personne pour les défendre, il me sera facile de les voler. Comment on y fout les pieds dans votre trou à rats ?
-Nous vous guiderons, il faudra parcourir une 60aine de kilomètres. Il faudra des explosifs pour rouvrir les portes, des batteries pour remettre les instruments en marche ainsi que nous deux afin de montrer à vos hommes comment faire marcher tout cela. Les yeux globuleux de la pieuvre se mirent à briller.
- Oui mes petits vous accompagneront, Thomas mon troisième lieutenant et quatre de mes hommes.. oui oui reniflements Thomas ! Thomas tu prendras un camion avec toi et tu ramèneras tous ce qui aidera à notre extension. Un grand blond, sûrement l’intéressé, acquiesça et sortit de la pièce, il avait l’air heureux de disparaître de la vue de l’immonde rouquin. Et vous deux-là, il regardait tantôt Wilhelm tantôt Laura, j’ vous prendrai parmi mes mignons une fois de retour, ça vous fera un boulot stable et bien payé. Qu’est ce que vous en dites ? Ils acquiescèrent de la tête simultanément, la pieuvre émit un petit rire de satisfaction qui dévoila son immense gosier, il vomit un peu de rôti sur son bureau. Burps allait foutez-moi le camp d’ici et revenez avec plein de cadeaux pour cette bonne vieille pieuvre. »

Ils eurent un haussement de cœur lorsqu’ils sortirent du bureau et entendirent les cliquetis d’une chaîne suivie de gémissements dans le bureau de la pieuvre. Ils descendirent les escaliers accompagnés de deux tentacules, dont la peau était aussi sombre que la nuit. Ils croisèrent le vieux Layson, sans son monocle, qui montait entouré de trois gardes, c’était la première fois qu’ils le voyaient inquiet.
On leur rendit leurs armes et bagages une fois en route pour l’abri 39. Lorsque leurs regards se croisèrent, ce fut comme s’ils se parlaient à voix haute. Ils ne travailleraient jamais pour la pieuvre et s’il leur fallait remettre les pieds dans cette ville, se serait en conquérants.

Sur la banquette à côté d’eux, Thomas vérifiait l’état de son AK-47, il ne savait pas vraiment pourquoi, mais ces deux frères-là lui faisaient bonne impression, il était certain qu’ils allaient changer quelque chose dans son existence mais il ne voyait pas exactement quoi. Il laissa tomber sa tête sur l’épaulette qui n’avait pas de pointes et laissa aller ses pensées à la dernière prostituée qu’il avait eut pour une bouchée de pain, au sens littéral du terme.

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