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FALLOUT24

Verset 14 : Veni, Vidi, Vici

J’étais parti un peu précipitamment, certes, et je n’avais pas vraiment eu le temps de prendre les affaires adéquates. En fait, loin de me préoccuper pour ces quelques raisons, je constatais amusé que cet accès d’humeur avait à moitié été joué. Partir sous le coup de la colère arrangeait grandement mes plans : je n’avais pas à affronter de longues explications avec Mina, ni même avec Python ; je n’avais pas non plus de regret à avoir, sur le coup je n’avais pas de combat intérieur à mener. Et maintenant, sans équipement, je n’avais plus qu’une solution, qui allait me permettre d’obtenir le nec plus ultra dans l’art d’énucléer, éviscérer, vider ses adversaires, bref, l’art culinaire à son sommet, et ce à la place d’une pauvre carabine, au mieux une grenade chipée aux soldats du phoenix. Bref, un acte manqué dans toute sa splendeur. J’allais donc, le cœur léger, vers la villa des Corleone, qui s’étaient engagés à m’équiper pour les venger des quatre Attilas en moto. Je déchantai assez rapidement lorsque je fus agressé par une sorte de bûcheron qui n’avait jamais du connaître l’eau, d’après son odeur, même pas pour boire, puisqu’il trébucha sur une pierre, s’étala de tout son long, et se vomit dessus, pour ne plus se relever. Devant le ridicule de l’homme, encore plus que de la situation, je fus un instant pris de pitié, avant de me souvenir qu’il s’avançait vers moi pour m’écraser la tête à mains nues. La prison se situait un peu en dehors de la ville, au sud. Il allait me falloir une bonne semaine pour atteindre à pied la villa des quatre vents, et j’allais certainement faire d’autres mauvaises rencontres. Je ramassai un bout de tuyau en fer, mais ça n’allait pas suffire. Ce qui est amusant avec ces temps de chaos, c’est que, alors qu’il est préférable de rester enfermé chez soi avec des amis et des armes, on trouve toujours un clampin dans les parages. Il suffit d’écouter attentivement, de trouver une ancienne rue un peu délabrée avec une vaste vue, pour voir débarquer un Yann le Celte ou un Dan le Barde qui peut vous renseigner sur le coin. Ce fut le cas, je trouvai facilement après un peu de recherche un paysan insouciant, bine sur l’épaule, allant bêcher je ne sais où. Il m’indiqua la présence d’un groupement humain assez proche.
« Et il y a de quoi faire des achats ?
-Oui, tu pourras trouver un General Store.
-Où ça ?
-Au nord du village, dans un ancien General Store.
-Ce que je cherche se situerait plutôt dans une ancienne armurerie.
-Il y a aussi. C’est Jetman, le dealer du coin. Une star au village, c’est lui qui fournit tous ceux qui veulent s’amuser. Ses fournisseurs lui donnent aussi des armes, il en fait la contrebande. Mais bon, par chez nous on n’en a pas besoin. »
Le dealer n’avait pas l’air bien méchant, s’il permettait aux autres de ‘’s’amuser’’. Je me dirigeai donc vers la direction indiquée, le cœur léger, depuis que j’avais quitté la prison, et pour un certain temps après, je me sentais.. bien… Je planais dans le bonheur, tout était facile, j’étais le meilleur, et j’allais tout détruire sur mon passage. Notamment ces ridicules motards, j’allais leur faire bouffer leurs cordées de mains. J’allais ; je verrai, je vaincrai. Simple formalité.
On reconnaît facilement les groupements humains, car ce sont là où les rues sont bordées d’immondices et couvertes de déjections et ordures de toutes sortes. Les ruines abandonnées sont beaucoup mieux entretenues. Je n’eus donc pas de mal à trouver l’endroit indiqué. J’avisai deux jeunes baraqués qui tentaient de se donner un air de dur et qui gardaient une ouverture dans un pan de mur à moitié écroulé. Ils avaient tous deux un couteau à la ceinture, et une grossière plaque de tôle sur le ventre en guise de protection. Je me dirigeai vers eux, et leur indiquai que je voulais voir le chef. Ils me regardèrent d’abord de haut, et rigolèrent. Je me sentais… Bien… « Tu sais quoi mon gros ? S’il y a encore un son caustique qui sort de ce nid à microbe qui te sert à te faire apprécier de tous les hommes du quartier, je t’arrache les cordes vocales et te les attache avec les nerfs optique, comme ça tu pourra voir tous les détails quand je t’ouvrirai le ventre avec un silex pour te sortir les intestins et te pendre avec. » Devant mon grand sourire poli, le plus gros des gardes pâlit un peu. Ils me firent entrer, un peu irrités toutefois, et une porte tout de suite sur la gauche me mena à une petite pièce encombrée de ferrailles. Jetman était là, au milieu de son fourbi, derrière lui un mur d’objets, tout cela puant la mise en scène, et son regard hautain – il pensait sans doute s’adresser à un des pèquenots qui habitaient son trou – qui m’aurait sans doute énervé habituellement, me fit me sentir… Bien… Je lui exposai ma requête, et il me montra tout fier un antique revolver à la crosse épaisse, avec un barillet à huit chambres, chacune remplie de sa cartouche. Je lui dit que cela m’allait, il me répondit : 300 dollars. Le prix exorbitant me réjouit : je sentis une décharge d’endorphine dans mon corps. Je le regardai : « ah parce que tu croyais que c’était pour acheter ? » Il eut à peine le temps de perdre son sourire, se prit un coup de tuyau dans le ventre et un autre sur le sommet de son crâne, qu’il m’avait gentiment présenté en se pliant en deux. Je ramassai le revolver. Les deux gardes visiblement effrayés arrivaient, alertés par le bruit. Le premier passa la tête par la porte et me demanda ce qui était arrivé. « Il est tombé. – Mince, c’est arrivé comment ? – Comme ça ! » Et je tentais encore une fois d’améliorer mon swing avec mon tuyau qui commençait à devenir poisseux. L’autre, derrière, eut un cri apeuré. Il essayait visiblement de sortir le couteau de son étui. « Attention, tu vas te couper. Tu as chaud ? Je vais t’aider pour l’aération. » Je tirai au milieu de la plaque en tôle qui n’opposa pas la moindre résistance. Je venais de perdre bêtement une cartouche, alors que cet idiot de Jetman n’en avait pas en réserve, mais je trouvais cela tellement amusant... Qu’est ce que c’était agréable ! Je sortis, et tombai sur le paysan qui m’avait indiqué le chemin. Il comprit rapidement que la star n’allait plus les amuser, baissa les yeux et murmura qu’il allait justement partir. « Ah, en effet, je n’ai pas été déçu… Quel petit rigolo, votre Jetman. Il vous l’a faite aussi, la blague des trois cent dollars ? » Bref, j’étais vraiment en joie, je n’arrêtais pas les plaisanteries…
J’arrivai sans encombres à la villa des Corleone. De loin, j’avais entendu à trois reprise le son grave et lent de la rafale de mitrailleuse. J’approchai par le milieu de la rue, les mains bien en vue, le revolver dans le dos. Un garde me mit en joue et m’escorta. Je m’apprêtai à doucement réprimander ce sacré grand-père pour l’accueil un peu froid de ses hommes, mais je fus surpris de voir un interlocuteur que je ne connaissais pas. C’était un des fils cadets du doyen. Celui-ci était mort – la prudence plus que la décence me firent éviter les questions à ce sujet – et, après une légère dispute à propos de la succession, tout s’était passé en douceur ; il fallait entendre que les autres fils avaient pris le maquis, ce qui expliquait la mitrailleuse. Le petit Corleone ne parut pas heureux de devoir tenir la promesse de son gâteux de père, mais, ayant d’autres chats à fouetter, il préférait me voir partir le plus vite possible. J’accédais donc à la sympathique collection automne-hiver nucléaire des armes automatiques de la famille. Je dus renoncer à prendre le lance-flamme, le minigun et le lance-roquette. Un peu lourd pour moi, surtout les trois ensembles. Je finis par me decider pour la qualité. Je pris une armure de combat, le must en terme de défense. Une combinaison indéchirable de qualité, un gilet et un casque en kevlar amélioré, bref, tout pour prendre une balle dans la bonne humeur. L’armure bénéficiait d’un camouflage urbain, treillis variant du noir au gris clair. Je pris également un couteau de combat à la lame effilée et taillée au diamant, que je glissais dans une de mes bottes, comme dans les films. Je gardais le revolver que je mis dans le holster sur ma cuisse ; j’avais réussit à trouver des munitions qui correspondaient. Enfin, je tombai sur un bijou : la winchester City Killer. Une arme à la fois sobre et design, qui n’eut pas la gloire qui lui était due, faute à la guerre, où, si elle fit des miracles, enfin, des massacres, rapidement, personne ne fut plus là pour le constater. Cette merveille de la technologie était un fusil à pompe qui pouvait à la fois s’adapter au calibre 10 et 12, magnum ou non, cartouches de chasse ou de guerre. De plus, le système de pompe pouvait faire entrer jusqu’à trois balles dans une réserve, que l’arme tirait ensuite en une rafale. En plus de sa puissance, sa précision, sa qualité et sa finition, j’allais pouvoir m’adapter à pratiquement tous les types de cartouches pour fusil que j’allais trouver, tout en dégommant mes ennemis à la pelle. Le City Killer en bandoulière, j’avais l’air d’un tueur. It's time to kick ass and chew bubble-gum... and I'm all out of gum. Come get some ! Ainsi harnaché, j’étais assez impressionnant. Cet équipement était étonnement très léger, et même avec un sac à dos remplis de tous ce que j’avais pus trouver d’intéressant chez les Corleone, ce qui m’avait valu un regard noir du nouveau chef, auquel j’avais répondu par : « Je vous remercie bien pour votre soutien. Je dois maintenant repartir, mais je n’hésiterai pas à revenir pour me réapprovisionner le moment venu. Veillez toutefois à me préparer un bon repas, je suis resté sur ma faim aujourd’hui. » J’avais finalement éclaté de rire trois cent mètres plus loin dans la rue. J’avais donc passé mes jours suivant à me rapprocher de mon but, la cathédrale St John, tout en collectant toutes les informations possibles. Ceux qui avaient eu une première visite et s’en rappelaient me parlaient car ils avaient peur de moi ; ceux qui avaient eu la seconde et y avaient survécu me parlaient car ils avaient peur de les revoir. Mais ces deux groupes étaient très rare, je rencontraient surtout des gens qui avaient entendu dire que, ou alors qui savaient des choses tout à fait fantaisistes. Selon un junkie quelconque, un des motards était Elvis Presley. Je dus me résoudre à parler par mots voilés. Je cherchais désormais la trace d’un motard. C’était encore assez rare pour que je ne sois pas aiguillé sur de fausses pistes, et ceux qui savaient quelque chose comprenaient de quoi je voulais parler. Je fus un jour mené devant une petite fille. Dès que j’eus expliqué ce que je cherchais, une femme me pris par le bras, et sans mot dire, me mena dans une tente à l’écart du campement. Elle me mit un linge autour de la tête, qui me recouvrait le nez, puis me fit entrer. L’atmosphère à l’intérieur était lourde, la lumière faible. Je distinguais assez rapidement une enfant, couché sur une sorte de paillasse et sous un amas de toiles qui servaient de couverture. Je lançais un regard interrogateur à ma guide, qui me désigna la couche d’un hochement de tête. Je m’en approchai alors et me mis à parler avec l’enfant. Elle était typée asiatique, mais dans la pénombre je ne pouvais en savoir plus. Je compris rapidement d’après ses paroles qu’elle avait assisté au massacre de son clan, et qu’elle avait fait partie des survivants en sursis : une mystérieuse maladie les avait tous finalement rongé, et elle était la dernière en vie. Elle toussa et lâcha un filet de bave ensanglanté. Je fus évidement touché par cette fillette, qui me remémora toutes les horreurs que j’avais vue, et que si j’avais entrepris de retrouver ces assassins, ce n’était pas seulement pour m’amuser et retrouver une vie trépidante, mais surtout pour arrêter ce malstrom de mort qui entourait ces quatre cycles. Je lui promis solennellement de venger sa famille. Je n’osai pas dire : de la venger elle. Elle me sourit, autant qu’une grimace peut ressembler à un sourire. Elle me désigna un paquet de l’autre coté de la tente. Ses affaires. J’allais y chercher un long bâton de bois qui s’y trouvait, à sa demande. C’était en fait une épée. Un superbe Katana, en parfait état, dans le plus simple apparat : la lame et le bambou. Sur la lame, quatre caractères que me lut la petite : Masamune. C’était le seul bien de sa famille depuis la guerre, son seul héritage, et elle me le donnait pour « punir les méchants. » Je ne pus l’embrasser. Je sortis de la tente, remué. La femme qui m’avait conduit là me rejoint. « Si vous n’aviez pas de motivation, je crois lire en vous que vous en avez maintenant une. Si vous n’aviez pas d’arme… » Je la remerciai et partis.
J’avais pris ma mission au sérieux. J’avais trouvé des indices, je pensais rattraper bientôt la trace des quatre démons, et les juger pour crime contre l’humanité. Je campais depuis deux jours dans une grande artère, non loin d’un village qu’ils avaient repéré prêt de trois mois auparavant. J’entendis le bruit lointain d’un moteur. En moins de temps qu’il n’en faut pour être saoulé par FBOS, j’étais prêt à combattre. Masamune sur l’épaule, mon fusil à la main, j’attendais, caché derrière quelques ruines, juste devant un fil de fer que j’avais acquis à prix d’or et qui était dissimulé dans le sol. Au moment voulu, j’avais juste à pousser une cale, et il se dressait, coupait la rue en deux, à un mètre du sol, attaché des deux côtés à un pan de mur. A l’étroit, j’avais néanmoins une vue sur la route. Le bruit se rapprochait. Au moment de pousser le morceau de bois qui allait déclencher le dispositif, j’aperçus la moto : une sportive qui n’avait rien à voir avec les choppers de mes cibles. La moto, se rapprochait, puis freina brusquement et s’arrêta, à quelques mètres en amont de mon dispositif. Son conducteur mit pied à terre, sembla regarder autour de lui, descendit finalement de son engin et se dirigea vers le trottoir, puis il disparut dans les ruines en face de moi. Au bout de cinq minutes, je sortis, méfiant. Je me rapprochai de la moto : une Suzuki Bandit en parfait état. Difficile de croire que cela avait connu la guerre. Alors que j’en étais à mes réflexions, j’entendis un clack métallique derrière moi. Je me jetai à terre en me retournant. A moitié couché, je pouvais maintenant voir le motard, dont l’automatique faisait face à ma winchester. « Je suis sûr que nous n’allons pas être assez bête pour nous tirer dessus. » C’est marrant, je pensais la même chose. Je fis le premier pas en désarmant mon fusil ; il rangea son arme et m’aida à me relever. Il retira son casque : j’avais devant moi un homme assez vieux, mais encore en pleine forme, les cheveux en brosse, une barbe assez courte, tous deux poivre et sel. « Pourquoi ce fil caché dans la poussière ? Les personnes en motos doivent être assez rares par les temps qui courent ? – Vous avez prononcé le mot clef : en moto. – Je crois que nous avons des choses à nous raconter. »
C’est ainsi que je rencontrai Vassili Alexandrovitch. Il avait vite vu qu’il n’avait rien à craindre de moi, et moi que c’était réciproque. Il avait également compris que nous étions à la recherche du même but, du même idéal : quatre corps calcinés sous leurs engins troués de toutes parts. Il m’apprit également que l’homme que j’avais rencontré à Rebirth City et qui m’avait décidé à partir parlait de lui par « l’ami qui l’avait envoyé. » Mais Vassili n’en savait pas plus que moi sur cet homme, il l’avait rencontré dans un village au nord lorsqu’il cherchait des informations, il avait parut intéressé par l’histoire et avait voulu aider. Après lui avoir expliqué la mienne, je lui demandai son histoire. Il hésita un peu, puis compris que nous allions passer du temps à chasser ensemble. « A partir de la chute du communisme, les USA et la Russie n’ont eu de cesse de se rapprocher par des projets communs. Sauf évidemment quand l’un des deux pensait gagner plus à ne pas prévenir l’autre. Quelques projets de recherche furent toutefois lancés. C’est ainsi que je participai, avant la guerre, en tant que militaire Russe, à un projet d’allongement de la vie humaine sur le sol étasunien. La guerre déclarée nous freina un peu ; une fois les bombes tombées, nous fûmes rapidement livrés à nous-mêmes. Les chercheurs et militaires se divisèrent en plusieurs groupes, moi je faisais partie de ceux qui voulaient retrouver leur liberté et profiter des recherches accomplies. Nous nous injectâmes donc le sérum que nous avions créé, et qui avait réussit à augmenter de trois cent pour cent la vie de quelques souris. Le produit est en fait censé aider à la régénération permanente des cellules tout en évidant l’effet photocopieuse qui aboutit à la dégradation de notre système, puis notre mort. Ce n’était pas au point, et on ne connaissait pas l’effet sur l’être humain, mais étant donné mon âge, ça semble marcher ; a moins que ce ne soient les radiations. Bref, je suis ensuite partis avec ma moto, à l’aventure : si l’injection me tuait, autant vivre pleinement les quelques temps qui me restaient, dans le cas contraire, pourquoi vire deux cent ans sous terre ? Bref, je suis un justicier depuis maintenant un bon nombre d’années… Et je traque depuis maintenant presque un an ces salopards de génocidaires, mais je sens que je touche au but. »

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